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Burkina : Le paradoxe de la grenouille

par MAIX Somé

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Cette fable peut s’énoncer ainsi : Si l’on plonge subitement une grenouille dans de l’eau chaude, elle s’échappe d’un bond ; alors que si on la plonge dans l’eau froide et qu’on porte très progressivement l’eau à ébullition, la grenouille s’engourdit ou s’habitue à la température pour finir ébouillantée.

Les pogroms, les guerres civiles, les génocides ne sont jamais des accidents de l’histoire, mais le paroxysme d’un processus lent et insidieux…

La violence, c’est d’abord une manière de penser.

Puis on passe aux discours de haine, de stigmatisation et d’intolérance.

Puis arrivent enfin les actes que l’on nie dans en premier temps, qu’on minimise ensuite, avant l’embrasement général.

Et on en impute toujours la responsabilité aux victimes.

On n’a fait que défendre sa communauté, sa nation face à une agression perfide !

C’est classique le schéma étant toujours le même.

Le génocide arménien, ou plus précisément le génocide des Arméniens, est un génocide perpétré d’avril 1915 à juillet 1916, au cours duquel les deux tiers des Arméniens qui vivent alors sur le territoire actuel de la Turquie périssent du fait de déportations, famines et massacres de grande ampleur.

Il est planifié et exécuté par le parti au pouvoir à l’époque, le Comité Union et Progrès (CUP), plus connu sous le nom de « Jeunes-Turcs », composé en particulier du triumvirat d’officiers Talaat Pacha, Enver Pacha et Djemal Pacha, qui dirige l’Empire ottoman alors engagé dans la Première Guerre mondiale aux côtés des Empires centraux.

Il coûte la vie à environ un million deux cent mille Arméniens d’Anatolie et d’Arménie occidentale.

Les « Jeunes-Turcs » ne faisaient que défendre leur nation contre les « ennemis de l’intérieur »…

De Mein Kampt aux chambres à gaz nazies, l’histoire est mondialement connue.

Dans la Russie tsariste, les pogroms contre les juifs était le dérivatif régulier à toutes les frustrations de la population.

Le plus célèbre faux de l’histoire de la littérature, « Les Protocoles des Sages de Sion », en russe : Протоколы сионских мудрецов ou Сионские протоколы, est un texte inventé de toutes pièces, par la police secrète du tsar, et publié pour la première fois en Russie en 1903.

Ce faux se présente comme un plan de conquête du monde établi par les Juifs et les francs-maçons.

Traduit en plusieurs langues et diffusé à l’échelle internationale dès sa parution, il devient un best-seller.

Même Hitler et Goebbels s’en inspireront…

Aujourd’hui, tout le monde sait que c’est un faux. Mais l’idée du complot judéo-maçonnique persiste !

Au Rwanda, le Colonel Théoneste Bagosora qui était le chef des FAR et dirigeant de l’Akazu, l’organisation secrète du Hutu Power déclara à plusieurs reprises « que la solution à la guerre était de faire sombrer le pays dans l’apocalypse pour éliminer tous les Tutsis et ainsi assurer une paix durable »

Au Zaïre ce sont les camps où s’étaient réfugiés les génocidaires rwandais des FDLR au Kivu et l’épuration ethnique que cela a déclenché contre les Banyamulenge les Tutsis réfugiés au Zaïre depuis les années 50 et qui sont devenus zaïrois qui a mis le feu aux poudres.

30 ans après, ils n’en sont toujours pas sortis !

Plus près de chez nous, en Côte d’Ivoire, on a vu la genèse et les conséquences de l’Ivoirité…

Elle couve encore sous les cendres et ne demande qu’à se rallumer…

Ce à quoi le régime burkinabè et ses affidés qui se sont ralliés au chef rebelle Guillaume K. Soro pour déstabiliser la Côte d’Ivoire comme ils l’ont fait avec succès au Niger, travaillent d’ailleurs opiniâtrement, en oubliant que les 6 millions de Burkinabè de Côte d’Ivoire en furent les premières victimes, et le seront à nouveau si ça recommence.

Au Burkina Faso, les discours de stigmatisation des peulh sous le régime Kaboré aboutiront au massacre de Yirgou perpétré par des Kogl-weogo en janvier 2019, qui sera suivi par toute une série d’exécutions extra judiciaires perpétrées par l’armée. Diabolisation des organisations de défense des droits à la clé.

Mais ça, ce n’était que les prémisses.

Avec le capitaine Ibrahim Traoré, on est passés à l’échelle industrielle. Des villages entiers sont massacrés, hommes, femmes, enfants, et même bébés et vieillards.

Nouna, Karma, Zaongo, et j’en passe !

Mais ce n’est pas assez. Désormais, on parle ouvertement de « Burkinabè de souche » qui peuvent être hors la loi et au dessus des lois, et d’apatrides qu’il faut exterminer, et lorsqu’ils ont été contraints de fuir le pays, s’en prendre à leurs familles !

Le président multiplie les discours de stigmatisation et de haine brute d’une partie de la population. De tous ses opposants.

Le Premier ministre se vante de n’avoir jamais voulu unir les Burkinabè.

Un ministre d’État qui est un civil adorant se mettre en tenue militaire, multiplie les menaces d’extermination devant les caméras.

Un écrivain raté professe à longueur de journée un discours génocidaire dans des médias complaisants et sur les réseaux sociaux.

Un aventurier vivant aux USA et qui a pris la précaution d’y exfiltrer ses enfants et de renier la nationalité burkinabè pour échapper à toute demande d’extradition, multiplie les appels au meurtre dans des directs Facebook et est suivi à la lettre par le régime qui le paie grassement.

Des pages Facebook anonymes désignent les cibles à abattre…

Les exactions se multiplient, jusqu’à la capitale…

On se demande qui du MPSR-2 et des hooligans génocidaires appelés Wayiyans pilote qui !

Mais malgré toutes ces évidences, certains, bien silencieux aujourd’hui, se demanderont benoîtement un jour, « Mais comment en est-on arrivés là ? »

Maix

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