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Le bilan de Wagner au Sahel

par MAIX Somé

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La sécurité des pays d’Afrique dont la sécurité est assurée par WAGNER s’est dramatiquement détériorée, on le savait. Mais on commence à présent à mesurer le désastre économique provoqué par la milice russe.

Denier exemple sécuritaire en date: au moins 22 civils ont été tués à Djiguibombo le 01/07, un bilan provisoire qui pourrait doubler. L’armée malienne et les mercenaires de Wagner sont pourtant à Bandiagara, à moins de 20km du massacre.

Le FMI ajoute que « la croissance du PIB réel devrait ralentir en raison des effets négatifs du départ de la MINUSMA sur le secteur tertiaire, d’une baisse dans product° d’or, de l’incertitude entourant le report des élections et la sortie de la CEDEAO. »

L’échec de sécurité au Mali provoque un effet ciseau : les recettes s’effondrent et les dépenses liées à la privatisation de la sécurité font exploser les dépenses.

On notera au passage que la baisse dans la production d’or s’explique en partie par la prédation de Wagner sur les mines du Mali, dont la production est privatisée.

Outre l’effondrement des recettes lié à l’échec sécuritaire & à la privatisation des ressources du Mali par Wagner, la milice facture très cher ses services: 103 M€/an avant même l’offensive sur Kidal fin 2023.

D’autres sources indiquent que Wagner coûterait près de 10 M$ chaque mois au Mali, un coût fixe quels que soient les résultats sécuritaires. Et cette depense réduit la capacité du pays à se développer.

Selon Ismaël Sacko, président du PSD (Parti socialiste démocrate du Mali) : « Le coût trop élevé des honoraires de Wagner a augmenté la paupérisation des Maliens car l’État central de Bamako, à court d’argent, n’arrive plus à assurer le minimum vital nécessaire. »

Même situation dans les pays voisins ayant également subi un putch piloté par Moscou.

Au Niger, le taux de décès attribuable aux terroristes avait diminué de 53% en 2023 par rapport à 2022, mais il devrait faire +60% en 2024 pour atteindre ~1600 morts.

Sur le plan éco au Niger, revenu / hab avait augmenté de 26% pendant décennie Issoufou & Bazoum, et Banque mondiale prévoyait croissance + 7% en 2023 et +12,5% en 2024. Aujourd’hui, elle prévoit -45% de croissance par rapport aux projections précédentes.

Pire, le Niger hypothèque son avenir et a concédé sa souveraineté à des acteurs étrangers. Sous Bazoum, négociations avec entreprises minières avaient permis d’obtenir meilleures conditions et généré millions $ d’investissements supplémentaires dans écoles et le secteur social.

Sauf que la junte a cédé aux Russes, acceptant de payer cette sécurité (inexistante) en espèces et en concessions aurifères. Tout ça pour que le déploiement de soldats russes de l’Africa Corps se limite à quelques coups de com ou la sécurisation de leurs mines d’or privées.

Même histoire au Burkina Faso: effondrement sécuritaire avec 3 massacres du 17 au 23 juin, -87% d’investissements étrangers selon la CNUCED, et la Russie qui pille le pays…

Mais devinez qui passe encore pour le méchant dans l’histoire ? La France bien évidemment ! Une manifestation « spontanée » a par exemple exigé le déménagement de l’ambassade de France… C’est tjrs la même histoire: La Russie détériore situation et accuse la France.

Sans retournement drastique, je ne vois pas comment ces pays échapperaient à une somalisation, avec des failed states et millions de réfugiés aux portes de l’Europe.

Et ça c’est le 2ème objectif russe à long terme: déstabiliser l’Europe par des vagues migratoires. Et on n’a pas l’air d’en prendre la mesure…

Xavier Tytelman, expert OSINT

Rédacteur en chef de la version numérique de la revue Ciel & Espace

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